Pour notre ami Daniel DROUERE disparu tragiquement

08/10/2015

Le 19 juin dernier, fauché en pleine vie, impuissant face à son destin, Daniel DROUERE a quitté la terre, laissant en filigrane dans nos cœurs le souvenir d’un homme passionnément amoureux des volcans. Implacable, inhumaine, injuste, la mort l’a saisi par surprise.

Sourire en coin, toujours calme, rieur, spontané, curieux, les mains souvent enfoncées dans les poches, son apparente nonchalance s’accordait parfaitement à cette lueur presque enfantine qu’on trouvait dans son regard. Sportif, un peu désinvolte, merveilleux de sincérité, d’une sensibilité rare, émouvant parfois, il faisait partie de ceux qui n’ont jamais été atteint par la folie du raisonnable et du sérieux. Il avait toujours une vision optimiste de la vie. En lui, la même intensité tranquille, la même indifférence concentrée, la même logique irréfutable. Romantique et détaché, c’était le paradoxe de cet étrange personnage. Rien ne pouvait faire vaciller ses certitudes.

Quand il parlait de volcans, la lumière brillait toujours plus fort dans ses yeux. Avec Pascale, son épouse, ils avaient la même passion, les mêmes désirs, la même humilité, les mêmes peurs qui gomment les différences, le même envoûtement pour les fontaines de lave aveuglantes ou ces fleuves écarlates de roche en fusion. Ils aimaient cette proximité, cette chaleur, cet éblouissement, cet interminable déploiement de force. Humbles et victorieux, combien de fois m’ont-ils accompagné dans ces cathédrales de lumière rouge avec ce mélange de fascination et d’inquiétude ? Il y avait entre nous beaucoup plus qu’un accord : de la complicité.

Je revois ses yeux émerveillés, brûlant d’enthousiasme, son sourire heureux lorsqu’il dépassait ses angoisses, repoussait ses limites avec cette formidable fierté, ce bonheur de partager avec nous des moments extrêmes, parfois exceptionnels.

Il aimait assister à ce grand désordre de la terre, à cette création perpétuelle du monde…Aujourd’hui encore parfois se dessine comme dans un rêve son inoubliable silhouette sur le fond incandescent des laves. Nul doute que c’est le vent qui a tourné les pages de sa vie…

A cette heure, face à la cicatrice tenace des souvenirs, je sais bien que le langage n’a aucun pouvoir, les mots aucune utilité car il est dans un temps qui n’est déjà plus : comment écrire alors la vérité, sa fulgurance dans ma mémoire, cette présence qui ne meurt jamais ? Ne reste plus maintenant qu’un long, un terrible silence qui serre les tempes, fait palpiter le cœur, des yeux qui questionnent, des phrases qui flottent, suspendues, imprononçables, des réalités qu’on n’ose plus dire, des pensées qui serrent la gorge, une pesanteur impénétrable, les premières traces du vide…

 

Il va falloir réapprendre à respirer…Daniel, pourquoi es-tu parti si vite ?

 

Guy de Saint Cyr

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