Recommandation : Porter des chaussures fermées avec une bonne semelle. Prévoir un chapeau ou une casquette, des lunettes de soleil et de la crème solaire, le site étant très exposé et dépourvu de zones d’ombre.
Les Sillars d’Arequipa constituent l’un des ensembles géologiques les plus emblématiques du sud du Pérou, étroitement liés à l’histoire volcanique de la région d’Arequipa et à l’identité architecturale de la ville, surnommée la Ciudad Blanca. Ces formations spectaculaires correspondent à d’immenses dépôts de roches volcaniques claires, exploités depuis plusieurs siècles dans de vastes carrières à ciel ouvert, notamment au site des Canteras de Sillar de Añashuayco, situées au nord-ouest de la ville d’Arequipa, dans la vallée du fleuve Chili.
D’un point de vue géo-volcanologique, le Sillar correspond à une ignimbrite rhyodacitique à dacitique, issue de grandes éruptions explosives pliniennes à ultrapliniennes survenues au Pléistocène, dans le cadre du volcanisme de subduction andin lié à l’enfoncement de la plaque Nazca sous la plaque Sud-Américaine.
Ces dépôts se sont formés lors de l’effondrement de colonnes éruptives très élevées, générant des coulées pyroclastiques de grande extension, extrêmement chaudes et rapides, qui se sont propagées sur plusieurs dizaines de kilomètres. Les principales sources de ces ignimbrites sont attribuées au complexe volcanique ancien du Chachani, avec des contributions secondaires possibles des volcans Misti et Pichu Pichu lors d’épisodes éruptifs distincts. Les nuées ardentes ont recouvert la région d’épaisses couches de cendres, de ponces et de fragments volcaniques, partiellement soudées lors du refroidissement.
Le Sillar se distingue par sa couleur blanchâtre à crème, sa texture poreuse et légère, ainsi que par une structure parfois stratifiée, clairement visible dans les parois des carrières. Sa teinte claire résulte d’une forte teneur en silice, d’une abondance de ponces claires et d’une faible concentration en minéraux ferromagnésiens oxydés. Malgré son origine explosive, cette roche présente une cohésion suffisante pour être taillée tout en restant relativement facile à travailler, expliquant son usage massif comme matériau de construction depuis l’époque précolombienne, puis coloniale et moderne.
Morphologiquement, les dépôts de Sillar forment de vastes plateaux ignimbritiques profondément entaillés par l’érosion fluviale. Les carrières révèlent des falaises naturelles, des canyons étroits et des parois verticales atteignant parfois plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Les fronts de taille mettent en évidence la superposition de plusieurs unités ignimbritiques, témoignant de phases éruptives successives. Ces paysages minéraux, façonnés à la fois par l’érosion naturelle et l’activité humaine, offrent une lecture remarquable des processus volcaniques explosifs.
L’activité associée aux Sillars d’Arequipa n’est pas volcanique au sens actuel, mais constitue le témoignage direct d’un volcanisme ancien d’une ampleur exceptionnelle. Les dépôts ignimbritiques sont aujourd’hui totalement stabilisés et ne présentent aucun risque volcanique direct. Leur étude permet néanmoins de reconstituer la dynamique des grandes éruptions explosives des Andes centrales et d’évaluer l’extension passée des nuées ardentes.
Chronologie de la formation des Sillars
- Pléistocène inférieur à moyen (≈ 1 Ma – 300 000 ans) : grandes éruptions explosives du complexe volcanique du Chachani, mise en place des principales ignimbrites formant le Sillar.
- Pléistocène supérieur : dépôts ignimbritiques secondaires et remaniements partiels par l’érosion et les réseaux hydrographiques.
- Holocène : stabilisation des formations, incision des vallées et exposition progressive des couches de Sillar.
- Époque préhispanique à coloniale : début de l’exploitation artisanale puis intensive du Sillar comme pierre de construction.
- Époque contemporaine : exploitation réglementée et valorisation patrimoniale, culturelle et géologique des carrières.
- 2024–2025 : absence totale d’activité volcanique ; carrières actives et sites protégés accessibles dans le cadre de visites encadrées.
L’accès aux carrières de Sillar, notamment aux Canteras de Añashuayco, est aujourd’hui possible dans le cadre d’excursions géologiques encadrées, permettant d’observer directement les structures ignimbritiques, les niveaux de dépôts, les textures volcaniques et les techniques traditionnelles d’extraction. Ces visites se déroulent dans un environnement semi-aride, sous un climat sec et ensoleillé, sans difficulté technique particulière.
Les Sillars d’Arequipa constituent ainsi un site géologique majeur, à la croisée du volcanisme, de la géomorphologie et de l’histoire humaine. Ils offrent une lecture exceptionnelle des grands événements éruptifs ayant façonné le paysage andin et expliquent l’architecture unique d’Arequipa, faisant du Sillar un véritable trait d’union entre géologie et culture.